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18 février 2012 6 18 /02 /février /2012 05:36

Extrait d'un compte rendu de réunion du Groupe union défense (GUD) de Lyon :

« Etre présent à toutes les soirées ou réunions étudiantes, mettre le côté gentleman fasciste en avant. (…) Inscription des adhérents à des clubs de combat (…) pour instaurer un climat de peur pour les gauchistes. »

Le GUD est le principal mouvement étudiant d'extrême droite de ces 40 dernières années, présent aux élections universitaires sous différents prête-noms.

Du lourd. Crânes rasés et blousons en cuir, croix celtiques et battes de baseball, et pourquoi pas un casque de moto sur la tête quand ils font le coup de poing. De quoi égayer la vie universitaire, notamment à la fac de droit d'Assas (Paris II), leur bastion historique.

Revigoré après quelques années de calme, le GUD avait fait une rentrée en trombe et préparait d'arrache-moustache les élections universitaires à venir ce printemps à Paris et à Lyon.

Mais pas de bol, le 27 janvier, des Anonymous lyonnais hackent le compte e-mail de Steven Bissuel, le boss du GUD à Lyon. Ce qui leur permet de s'emparer du compte Twitter de l'antenne, de hacker le site du groupe (qui renvoie désormais vers le site du mouvement antifasciste Reflexes) et de publier échanges de mails, contacts personnels, ainsi que des comptes rendus de réunion internes aux différentes section du GUD à Lyon et à Paris.

Des documents internes qui en révèlent beaucoup sur la stratégie et l'organisation de ce mouvement étudiant.

1

L'UDJ est la branche légale du GUD

 

Cela fait bien longtemps que le GUD, trop sulfureux, ne se présentait plus sous son nom aux élections universitaires.

Jusqu'à présent les anciens responsables des « Renouveau étudiant parisien » ou autre « Union des étudiants d'Assas – UDEA » expliquaient qu'ils n'avaient rien à voir avec le GUD.

Désormais, le compte rendu de la réunion du GUD Paris du 29 août 2011 le revendique clairement :

« L'UDJ (Union Défense de la Jeunesse) [est] notre branche étudiante légale déposée en préfecture ».

2

Une stratégie d'alliance avec l'extrême droite dure

 

Le compte rendu de la « première réunion GUD Lyon » annonce un « gros soutien des groupuscules nationalistes lyonnais » et évoque des « échanges de services (collage, bombage, etc.) ».

La ligne du GUD reste bien celle de l'extrême droite nationaliste : le mouvement invite ses militants à lire trois ouvrages :

« “Doctrines du nationalisme” de Poncard d'Assac [auteur anti-francs maçons, ndlr], “Histoire de France” de Bainville » [écrivain maurassien], et… [le choix du troisième ouvrage n'était pas tranché en fin de réunion] »

Des « formations doctrinales » internes avec Bruno Gollnisch, l'historien Bernard Lugan, des cadres du Renouveau français sont également prévues. Le projet de « partage d'un local » avec les néo-païens de Terre et Peuple en dit aussi long sur les alliances possibles pour le Gud lyonnais.

3

Une organisation militante efficace

 

« Le combat nationaliste » des étudiants du GUD prévoit un rythme d'actions intense, avec pour but de se faire connaître (les reprises médias sont notées dans les comptes rendus).

Il s'agit aussi de recruter « quelques personnes » et « surtout de mettre la pression sur les cocos ». Au menu des actions : manifestations, tractages (« dix tracts différents par semaine », « trois tractages par semaine »), militantisme en ligne et soirées.

L'organisation passe aussi par « l'inscription des adhérents à des clubs de combat ».

4

Un folklore militant intact

 

VOIR LE DOCUMENT

(Fichier PDF)

Le folklore militant du GUD reste aussi intact chez ses membres qui doivent « mettre le côté gentleman fasciste en avant ».

Les 10 commandements du GUD sont désormais portés à la connaissance du grand public, parmi lesquels :

  • « Les femmes, tu séduiras. »
  • « De Ray-bans, tu te muniras. »
5

   Un marketing politique soft

 

C'est la plus grosse surprise de ce « GUD-Leaks ». Les documents internes du GUD parisien révèlent un marketing politique qui n'a rien à envier au FN tendance mariniste.

La réunion d'avant Noël préparait ainsi la campagne universitaire qui devait commencer en janvier, avec 3 piliers : la sécurité, l'excellence et le social.

Rien de très skinhead dans ce programme qui, hormis une vanne sur « la mise en place d'une formation accélérée pour les étudiants étrangers », propose la création d'un « parking privé pour les enseignants et les étudiants d'Assas » ou « l'amélioration de l'apprentissage des langues ».

Rien de bien méchant pour la très propre campagne de l'UDJ. Certes, on y trouve un axe de campagne sur « le problème des chargés de TD ne parlant pas français », mais c'est tout.

« Notre champ d'action : la rue, pas le Net »

Après cette fuite, le boss du GUD lyonnais, Steven Bissuel, inscrit en première année de droit à Lyon II, garde la tête haute : « Notre champ d'action à nous c'est la rue, pas Internet », confie-il à StreetPress. On venait de lui fait remarquer que sur son blog figure désormais une photo du jeune leader nationaliste lyonnais Alexandre Gabriac, torse nu dans une chambre, avec derrière lui, une jeune militante en haut d'un lit superposé !

Steven Bissuel a reçu des menaces téléphoniques depuis que ses coordonnées personnelles ont été publiées par Anonymous :

« On m'a dit qu'on allait me fumer, mais c'est que des appels qui restent en inconnu, c'est des lâches. »

Bissuel nous envoie un texto victorieux vendredi en début de soirée : « Site, courriel récupéré, et bientôt le Twitter ».

Yvan Benedetti, bras droit de Bruno Gollnisch (mais exclu récemment du FN) et membre historique de L'Œuvre française, s'est lui aussi fait hacker quelques jours plus tôt son site web.

Comme Bissuel, il n'a pas envie de rentrer dans une cyber-guéguerre avec les militants antifascistes :

« Quand je vois qu'ils s'attaquent à des institutions, aux services américains, je crois qu'on ne peut pas faire grand-chose. »

Au FN, malaise quand on évoque le GUD

Ce piratage tombe mal en tout cas mal pour le groupuscule, à quelques mois des élections universitaires : la publication de ces documents coïncide au jour près avec la diffusion d'un communiqué interne au Front national signé de Steeve Briois et de Nathalie Pigeot, patronne du Front national de la jeunesseinterdisant aux membres du mouvement de jeunesse du parti de « constituer des listes communes avec des groupuscules ennemis lors des prochaines élections étudiantes ».

VOIR LE DOCUMENT

(Fichier PDF)

Les « groupuscules ennemis » cités dans le communiqué n'étant pas des organisations gauchistes, mais « le Renouveau Français et les Jeunesses Nationalistes ».

Sollicitée par StreetPress, la directrice nationale duFNJ n'était pas joignable pour commenter le sujet, trop occupée à chercher des signatures pourMarine le Pen . De son côté, le porte-parole du FNJJulien Rochedy nous a littéralement raccroché au nez lorsqu'on a prononcé le mot « GUD ».

Les « gentlemen fascistes » du GUD devront donc continuer à militer seuls et ont désormais beaucoup moins de chances de « récupérer les électeurs étudiants du FN » aux prochaines élections aux Crous.

Reste une inconnue, la stratégie du FN, qui ne pourra plus compter sur le GUD pour s'implanter dans les facs.

En 2006, les jeunes du Front national avaient déposé leur propre liste, alternative à celle des Gudards : « Agir pour un Crous qui Mousse », avec pour mot d'ordre « Bière et Saucisson pour tous ».

Source: Rue 89, le 4/02/12

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